Tour de Belgique: Gilbert, retour presque gagnant
Devancé par Mathieu Van der Poel, le Liégeois, qui reprend après sa blessure au rein, est déjà leader de l’épreuve avant le chrono du jour.
- Publié le 26-05-2017 à 07h20
- Mis à jour le 26-05-2017 à 07h21
Devancé par Mathieu Van der Poel, le Liégeois, qui reprend après sa blessure au rein, est déjà leader de l’épreuve avant le chrono du jour. Moins de six semaines après avoir chuté à l’Amstel Gold Race et s’y être déchiré un rein, ce qui ne l’avait pas empêché de triompher trois heures plus tard, Philippe Gilbert a réussi sa rentrée.
Même s’il a été devancé, ce jeudi, à Moorslede, par ce diable de Mathieu Van der Poel, au terme d’une deuxième étape qui a tenu plus que ses promesses, après le sprint attendu, gagné par Bryan Coquard la veille à Knokke, le Liégeois a d’emblée prouvé qu’il était rétabli. Le voici déjà leader de l’épreuve, alors que s’annonce un chrono individuel qui va pourtant rebattre les cartes autour de Beveren.
Mercredi déjà, Gilbert avait montré qu’il entendait jouer les premiers rôles sur une course qu’il a remportée il y a six ans, mais qui ne lui a plus souri autant depuis lors : 7e en 2012, 3e en 2013 et 4e en 2014, les trois fois où un certain Tony Martin s’était imposé. L’Allemand est à nouveau de la partie, très actif au moment où la course bascula sur et après le Mont Kemmel.
Pourtant, Martin a concédé seize secondes, déjà, à Gilbert, deux mercredi (dans un sprint intermédiaire) et quatorze hier (cinq dans deux sprints intermédiaires et neuf à l’arrivée dont six de bonification). Cela peut peser lourd dimanche au moment de faire les comptes, à Tongres.
"Face à Tony Martin, chaque seconde peut compter", dit Gilbert. "Ce chrono, c’est presque un prologue, il faudra le courir à bloc. On fera le point ensuite."
Mais le Baloise Belgium Tour 2017 ne va pas se résumer à un duel Gilbert-Martin. La course se joue souvent pour une poignée de secondes et, dès lors, les dix-huit secondes arrachées de haute lutte sur la plupart des concurrents les a sans doute condamnés même si tout peut encore arriver.
Il resterait donc une petite dizaine de prétendants dont Wout Van Aert, troisième de la 2e étape et deuxième du classement à six secondes de Gilbert, Oliver Naesen, Florian Sénéchal, Tiesj Benoot, Jelle Vanendert ou Olivier Pardini, auquel le chrono de Beveren doit convenir tout comme à Van Aert, gagnant il y a douze mois du prologue dans la même ville, sur une distance deux fois moins longue.
"Bien sûr, j’aurais préféré gagner cette étape", concédait Philippe Gilbert après l’arrivée à Moorslede. "Mais Mathieu Van der Poel est un grand talent, on le sait. C’est ma première course depuis l’Amstel, ce n’est pas facile car ma condition n’est pas encore excellente. Le but, c’est justement de l’améliorer sur cette course et dans les semaines à venir."
Le Wallon a en tout cas couru pour gagner, pour provoquer la décision, notamment lors de l’enchaînement des trois montées du jour, dont le Kemmel.
"Le début de l’étape a été bien contrôlé par Direct Énergie", expliquait encore le champion de Belgique. "Dès l’approche des difficultés, je me suis replacé devant, bien entouré par mes équipiers. Être devant, c’est plus facile, moins risqué. Après le Kemmel, on s’est retrouvé avec un bon groupe, mais ça commençait à finasser. Ça a cassé derrière et l’organisation a été meilleure même si sur la fin, le peloton est revenu très près."
Philippe Gilbert semblait alors bien placé pour s’imposer, mais le coureur de Quick Step Floors ne pouvait compter que sur un équipier, Julien Vermote, pour le lancer.
"Il m’a vraiment très bien aidé", disait-il, "mais Van Aert et Van der Poel, venus de derrière, m’ont débordé et Mathieu a été un peu plus rapide."
Van der Poel gagne et s’en va…
Ce vendredi, comme il l’avait annoncé, Mathieu Van der Poel ne sera pas au départ de la 3 e étape. À 14h46, à l’heure où il devrait s’élancer pour le contre-la-montre, le vainqueur de la 2 e étape sera… en Allemagne. Van der Poel a préféré (et il a obtenu l’accord des organisateurs) privilégier sa participation à la deuxième manche de la Coupe du Monde de VTT courue dimanche à Albstadt, en Allemagne.
Il y a une semaine, le coureur de Beobank - Corendon avait terminé huitième lors de la première épreuve, à Nové Mestre. Cette fois, il veut monter sur le podium et sur la forme qu’il a affichée hier, il peut même s’imposer. Car si en Tchéquie, Van der Poel était parti en 90e position (du fait de son mauvais classement mondial en VTT), il partira cette fois dans les premiers et ne devra plus concéder une longue course-poursuite.
Retardé mercredi de plus de deux minutes sur ennui mécanique, Mathieu Van der Poel a franchement joué le jeu lors de la 2e étape. Comme son "meilleur ennemi" Wout Van Aert, il a démontré sa bonne condition.
On peut s’étonner de voir les cyclo-crossmans (Philipp Walsleben figurait aussi dans le groupe des treize échappés) afficher une excellente forme qui leur permet de faire jeu égal face aux routiers. La situation s’explique d’abord parce que Van der Poel et Van Aert sont deux exceptionnels talents, mais aussi parce que les spécialistes des labourés ont coupé fin février, après leur saison hivernale. Depuis, ils ont largement entamé leur préparation, s’accordant déjà des sorties de fond sur route de cinq ou six heures, alors que les spécialistes des classiques reprennent à peine après une coupure de quelques semaines.
"Je suis très content de ce succès, qui confirme que je suis en forme, ce que je savais", confirmait le vainqueur du jour. "Le Kemmel devait me convenir et l’équipe a bien travaillé pour me mettre dans une situation idéale. Ce sera dur de quitter le Tour de Belgique, mais j’avais choisi dimanche dernier et je ne regrette pas ma décision. En vue de l’arrivée, j’ai dit à Walsleben que j’avais de bonnes jambes, je me suis placé dans la roue de Van Aert qui a lancé le sprint, ce qui m’a réussi."